mardi 25 mars 2014

Qu'on le tue! Qu'on le tue!

Monstre! Monstre!
Sortilège...Envoutement...Pas à pas, pas à pas, hypnotisation:
Serpent! Dragon!
 
Méfiance. Sourire, apaisement...
Oubli.
Faiblesse...
Pieds et poings liés! Danger!
 
Effroi! Panique!
Bas les pattes! Bas les pattes!
A distance! A distance, abomination!
Craintes insurmontables, dégénérée!
A distance, monstre! Abomination! Démon!
Qu'on nous le cache! Qu'on l'éloigne! Qu'on l'enferme!
Dans un donjon!
Qu'il y crève!

dimanche 23 mars 2014

Ophrys passionis et monstruosité.

      Petite pluie de Mars, odorant révélateur, en un samedi de grâce, puissant émancipateur. Nous allâmes nous promenant en des calcaires lunaires, l'horizon couleur lavande et le cœur en bandoulière.
 
Ils étaient là, comme annoncés, partout, ici à mes pieds, là-bas où mon regard portait, dans les recoins des rochers, au sein des garrigues arides, à l'orée des chênes verts.
Avec ce doux hiver, pluvieux et tendre, cajoleur, ils se sont épanouis avec une quinzaine d'avance, et foulent le sol en armée.
 
 
Déambulant par monts, par vaux, je partis à leur rencontre en faisant fi des sentiers, barrières de l'esprit qui entravent nos pas soumis.
 
Ophrys passionis s'offrit à moi. Dorénavant, je vous l'offre.
On le différencie d'Ophrys aranifera par une couleur du champ basal identique à celle du labelle.
 

 Au sein de ces troupes d'insectes fantasmagoriques, une étrangeté jamais vu auparavant. Un Ophrys, à l'évidence, mais jamais encore rencontré pour moi.
 
 
De retour chez moi, je fouillais en toute hâte dans mon livre, ami fidèle et dévoué toujours prêt à me renseigner. Mais là, que nenni, il resta sourd à mes imprécations et demeura coi.
Frustrée, je doutai de ses qualités et le décrétai faillible.
Mais Internet ne m'aida nullement. J'y fouillais des listes et des listes d'Ophrys, sans succès aucun.
 
J'envoyai alors quelques mails, tels des bouteilles lancées à la mer, dont je reçus la précieuse réponse aujourd'hui: ce spécimen est un lusus d'Ophrys passionis, c'est à dire qu'il s'agit d'une forme dégradée de cette espèce, un monstre.
Le labelle, pétale transformé et ornementé chez les Orchidées, a régressé pour redevenir un pétale commun. On observe parfois des lusus où ce sont les pétales qui deviennent des labelles. Chaque espèce peut posséder des lusus très variés, des cas uniques et étonnants.
 
 
Les Orchidées sont des bestioles extraordinaires qui n'ont pas fini de nous surprendre, à nous qui partons à leur découverte.