Pacifique.
Bleu horizon au large.
Les vagues s'écrasent, violentes, sur le rivage.
Ici pas de naufrage, seulement des petons de passage, nus sur les grains de sable brumeux, des rires suaves pour entourage et le reflux vaseux des coquillages.
Le vent.
Babylone règne alentour mais la langue des sens est universelle: fleur de sel, fêlure du cœur.
Les vagues affluent, musique sauvage, telles des larmes naturelles intarissables...
Elle est là assise sur la plage, son visage est loin, sa venue un mystère. Son aura dit traversées, son visage transperce l'air, si jeune et si vieux à la fois. Elle est belle de sa triste sagesse, sage des épreuves de la vie.
Mes membres aussi sont un peu lasses, de toute la marche accomplie, des chemins que j'ai croisés, des dangers que j'ai fuis et puisque nous sommes seuls ici, seuls au sein de cette cacophonie bouleversante, créons une bulle d'harmonie, pour quelques minutes réconfortantes.
Je viens à elle, traversant la foule, comme un rocher fendrait la houle. Je crois qu'elle m'attendait.
Et je suis là, assis prêt d'elle, silencieusement, comme toujours, comme une évidence.
La langue du cœur est universelle.
Elle passe sa main sur moi, comme si elle me connaissait de longue date, comme un ami perdu qu'elle aurait retrouvé. Une caresse pour s'assurer de ma réalité.
Ce n'est pas moi qu'elle attendait, je le sais bien maintenant.
Les vagues roulent dans ses yeux, je reste là, à ses côtés.
Nous ne sommes plus seuls.
Pour quelques instants encore.
Et sur une plage du Pacifique, un étrange couple se forma.
Une jeune fille et un animal famélique, qui par hasard, passait par là. Ils restèrent là côte à côte, leur regard plongé dans l'horizon, connivence silencieuse et magique que nul n'expliquera .